Quel est le biais le plus dangereux pour ses investissements ?
Voilà une question que beaucoup d’investisseurs se posent légitimement. Si vous pensez que vos décisions d’investissement reposent uniquement sur une analyse rationnelle des faits et une capacité de jugement aiguisée, alors vous faites erreur. Comme l’explique le prix Nobel de psychologie Daniel Kahneman, nos processus de décision sont bien moins rigoureux qu’il n’y paraît. Une grande partie de nos connaissances repose davantage sur des croyances plausibles que sur des preuves solides.
Pourquoi les investisseurs tombent-ils dans le piège ?
Des études, comme celle de l’AMF en 2014, montrent que 90 % des investisseurs particuliers perdent en bourse. Parmi les raisons principales : le biais de confirmation, l’un des biais cognitifs les plus pernicieux. Ce biais nous pousse à privilégier les informations qui confirment ce que nous croyons déjà, en rejetant inconsciemment celles qui pourraient contredire nos convictions.
Un exemple
Imaginons qu’un investisseur soit attiré par une société cotée ou un ETF répliquant le S&P 500, l’indice des 500 plus grandes sociétés américaines. Il consultera des analyses et du contenu sur le sujet, mais il sera davantage réceptif aux informations validant son intention initiale, à savoir investir.
Si, par hasard, il tombe sur une critique mettant en doute la pertinence de cet investissement, il y a de fortes chances qu’il n’accorde aucune attention à ces mises en garde.
Son raisonnement pourrait ressembler à ceci : « Si plusieurs sources valident mon intention, alors c’est forcément une bonne idée. » Résultat : l’investisseur, sous l’emprise de ce biais, retient uniquement les arguments favorables tout en ignorant systématiquement les signaux d’alerte.
L’Élection de Trump
Prenons le cas actuel : une grande partie des investisseurs s’auto-persuadent que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche sera bénéfique pour les marchés.
Cette idée circule si largement que beaucoup la prennent pour une vérité établie, car elle a déjà été validée entre 2016 et 2020. Ainsi, supposer que la ré-élection de Donald Trump sera à nouveau favorable à la bourse U.S. semble ne nécessiter aucun examen critique et devrait, selon eux, se confirmer à nouveau.
Cet exemple d’actualité illustre parfaitement le biais de confirmation. Les investisseurs cherchent et partagent uniquement des informations qui soutiennent leur point de vue, ignorant ou minimisant les risques potentiels.
Pourquoi ce biais est-il si dangereux ?
Le biais de confirmation empêche une analyse équilibrée. Lorsqu’un investisseur ignore délibérément les informations contradictoires, il se prive d’une vision complète de la situation.
Cela le pousse à agir impulsivement, sans évaluer correctement les risques ou peser les arguments pour et contre. Résultat : il risque de se positionner au mauvais moment et d’avoir du mal à couper sa position, même si les faits lui donnent tort , car il s’accrochera à l’idée que le marché se trompe.
Leçon à retenir
La prochaine fois que quelqu’un vous assure que tout est évident, car relayé par tous, souvenez-vous de ceci : ce n’est peut-être pas un fait, mais plutôt une croyance renforcée par un biais cognitif . Prendre conscience de ce mécanisme vous permettra de sortir des sentiers battus et d’adopter une approche réellement réfléchie et critique dans vos décisions d’investissement.