Trump 2.0 : une politique douanière déjà vue ?

Politique douanière Donald Trump

Depuis son investiture à la présidence des États-Unis le 20 janvier 2025, force est de reconnaître la capacité quasi irrésistible de Donald Trump à faire bouger les lignes. Les doutes qui gagnent insidieusement les investisseurs depuis décembre 2024 se sont cristallisés dès la rentrée 2025, autour, entre autres, de l’impact des droits de douane que le nouveau résident de la Maison blanche entend réhausser pour un large éventail de pays.

Lors d’une réunion électorale à Flint, dans le Michigan, en septembre dernier, Trump avait affirmé que « les droits de douane [étaient] la meilleure chose jamais inventée ». Les marchés boursiers n’y avaient pas vraiment prêté attention, préférant se réjouir sans retenue des espérances de création de richesses contenues par les promesses de dérégulation, de baisse de l’imposition des sociétés et de soutien aux crypto-actifs. 

Les performances exceptionnelles enregistrées par le S&P 500, le NASDAQ et le Bitcoin fin d’année 2024 en témoignent :

S&P 500 : +8,45% entre septembre et décembre 2024
NASDAQ : +12,30% entre septembre et décembre 2024
Bitcoin : +45,67% entre septembre et décembre 2024

Quelques semaines plus tard, de retour à la Maison-Blanche, Donald Trump met rigoureusement son plan à exécution, sans que quiconque puisse crier au scandale de ne pas avoir été prévenu.

Et les marchés boursiers commencent à réaliser que tout ne sera pas simple sous le règne du 47ᵉ président des États-Unis. Entre l’investiture du 20 janvier et le 27 février, le S&P 500 a abandonné 3,8%. La plupart des Big 7, notamment NVIDIA et Tesla, se retrouvent également dans le rouge, et le Bitcoin, dont Trump s’était pourtant attribué l’envolée spectaculaire en novembre 2024 au cours d’un discours marquant, a reculé d’environ 20% sur cette même période.

Ce coup de froid suscite des interrogations : la politique économique du 47ᵉ président va-t-elle plomber les marchés ? Les investisseurs s’inquiètent, mais le pire est-il certain ?

Pour répondre à cela, un regard dans le rétroviseur semble opportun, car ce n’est guère la première fois que Donald Trump déclare rendre à l’Amérique sa grandeur.

En 2018, le président Trump avait déjà entrepris d’imposer une taxe de 25 % sur les importations d’acier et d’aluminium en invoquant l’article 232 du Trade Expansion Act de 1962. Cette manœuvre astucieuse lui avait permis d’éviter de devoir composer avec le Congrès pour mettre en œuvre ces taxes punitives, déjà présentées alors comme nécessaires pour préserver l’emploi industriel, réduire le déficit fédéral et faire baisser les prix des denrées alimentaires. Si au passage, on notera qu’entre les annonces et la réalité, il existe souvent un certain décalage et que les droits de douane sur l’acier et l’aluminium ne furent finalement que de 10 %, on remarquera surtout qu’ils n’ont pas produit les effets escomptés.

Les secteurs utilisant ces métaux – notamment l’automobile et la construction – ont vu leurs coûts de production augmenter de 2 à 3%  en raison de la hausse du prix des importations. Selon le Peterson Institute for International Economics, les droits de douane sur l’acier et l’aluminium auraient même coûté sur le long terme, si l’administration Biden n’était pas intervenue pour y mettre rapidement fin, environ 11,5 milliards de dollars par an aux entreprises ainsi qu’aux consommateurs américains. Ce montant colossal souligne que la politique trumpienne de l’époque a eu un coût très lourd, et qu’il a été assumé par les Américains, eux-mêmes, et non par les seuls pays exportateurs censés être mis à contribution.

Un autre point clé faisant douter de l’efficience de cette stratégie : aux Etats-Unis, l’emploi dans le secteur de l’acier n’a pas rebondi entre 2018 et 2022, il a en réalité chuté de plus de 4%, alors que les mesures de Trump visaient à le préserver. Là encore, le bilan de la manœuvre est en contradiction avec l’objectif annoncé, et c’est encore le pays de l’Oncle Sam qui en avait subi les conséquences.

Pourtant, malgré le choc politique et géo-politique qu’a constitué la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump au cours de son premier mandat, le parcours boursier du S&P 500 de 2018 à 2022 fut impressionnant. Avec une performance totale de 66,00%, soit une performance annualisée de 13,70%, le moins que l’on puisse dire est que la politique clivante du magnat de l’immobilier n’a pas plombé Wall Street. Au contraire, le premier séjour de “orange man” à la Maison blanche est indissolublement associé à une période d’optimisme boursier, en dépit de l’effondrement temporaire des indices en mars 2020 au début de la crise du Covid.

Cette résilience illustre donc un paradoxe : les marchés financiers semblent capables d’absorber les chocs protectionnistes dès lors que des perspectives de croissance et de dérégulation – un autre point essentiel de la politique de Trump, tant en 2018 qu’en 2025 – les accompagnent.

Ainsi, l’euphorie qui s’est emparée des investisseurs en 2024  trouvait en partie son origine dans la conviction que l’éventuelle réélection de Donald Trump devait s’accompagner, de nouveau, d’une phase haussière des marchés actions. Toutefois, le contexte économique de 2025 est marqué par une inflation persistante, des tensions géopolitiques exacerbées mettant en évidence l’interdépendance des chaînes d’approvisionnement mondiales sur fond d’affrontement Nord/Sud. Autant d’éléments qui pourraient rendre les nouvelles hausses de droits de douane plus coûteuses que par le passé.

Face à ces incertitudes, la tentation du pessimisme est grande. Pourtant, si l’on considère la dynamique du premier mandat de Trump, il est possible que l’agitation actuelle ne soit qu’une étape transitoire. Les marchés, souvent allergiques aux changements brutaux, pourraient finir par s’adapter à ce nouveau cadre économique.

Si le second séjour de Donald Trump se révèle un prolongement du précédent, alors l’agitation actuelle ne présage pas forcément du pire à moyen-terme, mais traduit frictions et frottements que suscite immanquablement l’ajustement à une transition, tambour battant, vers un nouveau paradigme censé rendre  “l’Amérique […] grande à nouveau”.

Le premier discours d’investiture du président américain présente d’ailleurs des similitudes indéniables avec ses déclarations de janvier 2025  par lesquelles Donald Trump indiquait vouloir  “[demander] à tous les membres de [son] cabinet d’utiliser les vastes pouvoirs à leur disposition pour vaincre l’inflation record et réduire rapidement les coûts et les prix pour les Américains”, avec pour objectif de “redonner aux gens leur foi, leur richesse, leur démocratie et, en effet, leur liberté” dont, à l’en croire, ils ont été privés par l’establishment en place ainsi qu’une série d’accords commerciaux internationaux défavorables aux États-Unis.

Une ligne politique remarquablement comparable avec celle défendue sept ans plus tôt, puisqu’il exprimait déjà alors l’idée que “la richesse [de la classe moyenne américaine] a été arrachée à leurs foyers puis redistribuée dans le monde entier” et qu’il était nécessaire de suivre “
deux règles simples : acheter américain et engager des Américains”.

Il poursuivait ainsi : “… toutes les nations ont le droit de faire passer leurs propres intérêts en premier.

Que l’on adhère ou non à cette ambition de restauration de la grandeur américaine, elle ne peut créer que des ruptures… et des opportunités pour les investisseurs qui comprennent que le plus important n’est pas d’imaginer le monde tel qu’ils voudraient qu’il soit, mais de le regarder tel qu’il est.

Donald Trump n’en est pas à son premier coup d’essai en matière de politique douanière agressive, mais ses ambitions n’ont pas molli. Entamer des changements aussi profonds que ceux auxquels il aspire ne peut pas se faire sans heurts. Et les marchés boursiers vont connaître des à-coups. Si cela vous effraie, songez que durant les 40 dernières années, période marquée la plus grande crise financière qu’ait connu le monde depuis 1929, une pandémie mondiale ayant paralysé la planète, ainsi que des catastrophes nucléaires et des conflits majeurs, le MSCI World s’est adjugé près de 2600 %, soit une performance annualisée de 8,6 %, tandis qu’une action de père de famille telle que Coca Cola a progressé d’environ 5400 %. 
De bonnes raisons de ne pas se laisser gagner par la peur.

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