Bourse européenne : profits records, mais à quel prix ?

Les entreprises européennes affichent des niveaux de profitabilité sans précédent, défiant les turbulences économiques. Marges records, bénéfices en hausse : une prospérité fascinante, mais est-elle vraiment durable ? Quels secteurs brillent en bourse, lesquels vacillent, et quels risques se profilent à l’horizon ? Pierre-Yves Gauthier d’AlphaValue, décrypte cette situation aussi inédite que troublante, mais riche en enseignements pour les investisseurs.

Des marges historiques malgré une croissance limitée

L’une des premières observations marquantes, observées par Pierre-Yves Gauthier, est la capacité des entreprises européennes à préserver leurs marges dans un contexte de faible croissance du chiffre d’affaires. Comme l’explique Pierre-Yves Gauthier, les marges d’EBITDA atteignent aujourd’hui des niveaux records, dépassant 20 % pour certaines entreprises non financières. Cette performance est inédite, même en comparaison avec des périodes fastes comme 2007, avant la crise financière.

La « greedflation » — ou inflation opportuniste — semble avoir joué un rôle clé. Certaines entreprises ont profité de la hausse des coûts pour justifier des augmentations de prix parfois exagérées, renforçant ainsi leurs marges. Mais un retournement est en cours : certains secteurs enregistrent déjà des baisses de prix, marquant un ajustement que Pierre-Yves Gauthier qualifie de « déflation des excès d’inflation ».

Bourse : ces secteurs qui brillent

Cette dynamique des marges ne profite pas à tous les secteurs de manière égale. Certains se démarquent par leur capacité à générer des profits additionnels :

Mines et métaux : ce secteur devrait générer 9,8 milliards d’euros de profits supplémentaires grâce à une demande robuste et des ajustements favorables des cours des matières premières.
Immobilier : après une année 2023 difficile, marquée par des pertes massives, les grandes entreprises immobilières, notamment en Allemagne, devraient rebondir avec 8,8 milliards d’euros de profits en plus.
Pharmacie : ce secteur offre une visibilité exceptionnelle grâce à une gestion optimisée des pipelines de nouveaux médicaments. Il est attendu qu’il ajoute plus de 10 milliards d’euros de bénéfices en 2025 par rapport à 2024.

Bourse : ces secteurs dans la tourmente

À l’inverse, certains secteurs subissent des contractions :

Pétrole : une baisse des résultats de 10 milliards est anticipée, mais cela n’entame pas la capacité des grandes entreprises pétrolières à maintenir des dividendes élevés.
Automobile : après des années exceptionnellement profitables en 2021-2022, le secteur pourrait subir une correction des volumes, augmentant les risques.

Des profits records, mais des valorisations tendues

Si les entreprises européennes affichent des bénéfices cumulés impressionnants — près de 1 000 milliards d’euros prévus en 2025 contre 628 milliards en 2019 —, cette prospérité suscite des interrogations. Pierre-Yves Gauthier souligne que de tels niveaux ne sont probablement pas soutenables à long terme.

Cette incertitude se reflète dans le potentiel de hausse moyen estimé des marchés : environ 20 %. Ce chiffre, généralement associé à des périodes de correction, semble discordant dans un contexte de profits déjà à leur apogée.

De plus, les valorisations boursières deviennent préoccupantes. Le ratio cours/bénéfice moyen (PE) des 450 plus grandes entreprises européennes est de 14. Cependant, lorsqu’on exclut les secteurs cycliques profonds et les banques, ce PE grimpe à 17, reflétant une certaine prudence des investisseurs face à des niveaux élevés.

Bourse : trois risques majeurs

Pierre-Yves Gauthier identifie trois risques principaux susceptibles d’affecter les profits des entreprises européennes :
La déflation des prix : Les entreprises pourraient être contraintes de réduire leurs prix pour maintenir leurs volumes de vente, ce qui pèserait sur les marges.
Les coûts salariaux : Bien que l’impact des salaires reste maîtrisé grâce à la hausse des chiffres d’affaires, une progression rapide des coûts salariaux pourrait devenir problématique.
Les coûts énergétiques : Très dépendants des tensions géopolitiques, ils restent une source d’incertitude.

Comment se positionner en bourse ?

La situation actuelle est paradoxale. En bourse, profits records et valorisations élevées coexistent avec des risques latents. Si certains secteurs offrent encore des perspectives attrayantes en bourse, la prudence reste de mise dans un marché où les gains faciles appartiennent probablement au passé.

Face à cette situation, Pierre-Yves Gauthier adopte une posture empreinte de prudence et de discernement.
S’il reconnaît l’importance de rester exposé aux actions, il recommande de concentrer les investissements sur des leaders solides offrant une visibilité élevée, à l’image des grandes entreprises pharmaceutiques ou des groupes miniers.
Il met également en garde contre les valeurs très valorisées ou cycliques, qui pourraient subir des corrections brutales en cas de retournement du marché.
Enfin, il invite à scruter les opportunités contrariennes, en particulier parmi les entreprises de taille moyenne injustement délaissées, qui pourraient révéler un potentiel de croissance sous-estimé.

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