Bourse : les valorisations US et européennes face aux incertitudes macroéconomiques

Marchés boursiers : des disparités manifestes

Laurent Lamagnère, analyste financier chez AlphaValue, décrypte les dynamiques actuelles des marchés boursiers. Entre les records historiques de la bourse américaines et les disparités criantes avec l’Europe, il livre son analyse des valorisations, des perspectives économiques et des allocations sectorielles à privilégier pour naviguer dans ce contexte marqué par l’exceptionnalisme américain et les défis européens.

L’exception économique américaine

L’exceptionnalisme économique américain est à souligner selon Laurent Lamagnère. Les actions US atteignent des records historiques, soutenues par une économie robuste et une politique monétaire en apparence accommodante. Cependant, une analyse plus approfondie montre une possible décorrélation entre les annonces de la Réserve fédérale américaine (Fed) et les fondamentaux économiques. Bien que les marchés anticipent une baisse des taux de 25 points de base, les indicateurs montrent une inflation persistante (au-dessus de 3 % depuis 43 mois) et des valorisations excessives.

Une survalorisation inquiétante de Wall Street

L’hyper-optimisme des investisseurs, qui transparait à Wall Street dans des ratios cours/bénéfices (PE) élevés malgré des perspectives de croissance des bénéfices révisées à la baisse pour 2024, doit alerter ou du moins susciter la vigilance, car pareille situation pourrait conduire à un risque de correction majeur de la bourse, non seulement aux États-Unis, mais aussi sur le reste de la planète.

Une valorisation relativement faible des actions européennes

En Europe, les valorisations boursières restent nettement inférieures à celles des États-Unis. Toutefois, Laurent Lamagnère note une hétérogénéité sectorielle marquée. Certains secteurs, comme les logiciels (+43 % depuis le début de l’année), affichent des performances remarquables, tandis que d’autres, liés à la croissance économique mondiale (papier, métaux, mines), subissent des baisses allant jusqu’à -12 %.

Un marché actions européen avec de fortes disparités

Au sein des actions européennes, il convient de mettre en exergue la dichotomie entre des entreprises comme SAP (+71 %) et Unicredit (+55 %) qui surperforment le STOXX 600, et d’autres, comme Bayer (-43 %) et Stellantis (-40 %), qui accusent des pertes importantes. Semblable polarisation reflète, selon lui, un marché de Momentum, où les réactions aux nouvelles, même mineures, dictent les évolutions des cours.

Des taux français trompeurs

Si le marché des taux obligataires ne parait pas s’émouvoir des errements budgétaires de la France, Laurent Lamagnère n’est pas aussi rassuré. Au contraire, bien que l’écart entre l’OAT à 10 ans et le Bund allemand reste modéré, cette stabilisation est en partie artificielle, et en grande partie imputable aux manœuvres souterraines de la Banque centrale européenne (BCE). L’institution est aujourd’hui engagée dans la réduction de son bilan. Cependant, en vendant moins de dette française que d’autres pays membres de la zone euro, la BCE maintient facticement les taux de la dette française à des niveaux ne reflétant pas les inquiétudes du marché.

Une fiscalité adverse pour les sociétés françaises

Concernant les politiques fiscales françaises, il prédit que les récentes mesures d’alourdissement de l’imposition, bien que partiellement suspendues, reviendront, affectant les grandes entreprises hexagonales comme LVMH, Kering et TotalEnergies. L’analyste d’AlphaValue conseille donc de rester vigilant vis-à-vis des actions françaises, malgré le récent rallye haussier.

Quelles allocations sectorielles privilégier en 2025 ?

Pour les investisseurs, Laurent Lamagnère recommande une approche sélective et orientée vers des secteurs sous-valorisés ou ayant vu leurs anticipations de croissance révisées à la baisse en 2024.

En revanche, son scepticisme demeure à propos de secteurs comme les loisirs, l’hôtellerie ou le catering dont il est difficile d’imaginer qu’ils persistent à afficher des croissance de bénéfices aussi fortes alors que  leur activité s’est enfin normalisée pour revenir au niveau ante-Covid. Dans le contexte actuel il lui parait important de de surveiller les valorisations et de privilégier les secteurs où les attentes de croissance bénéficiaire sont modérées, offrant ainsi un potentiel de revalorisation plus durable.

Naviguer en bourse dans l’incertitude

Laurent Lamagnère conclut en insistant sur la nécessité d’une gestion rigoureuse des portefeuilles dans un contexte marqué par des valorisations élevées, des écarts sectoriels significatifs et des incertitudes macroéconomiques. Les investisseurs, qu’ils soient particuliers ou professionnels, doivent se concentrer sur les fondamentaux tout en gardant un œil sur les données macroéconomiques et les politiques des banques centrales.

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