Bouygues : une croissance en panne ?

Bouygues

Bouygues est une holding familiale française diversifiée, présente dans des secteurs variés tels que la construction, l’immobilier, les télécommunications et les médias. Connu pour sa politique de dividende stable et sa gestion prudente des actifs, le groupe a su faire face à un environnement complexe marqué par des turbulences politiques (ex. dissolution de l’Assemblée nationale française) et des pressions économiques internationales (hausse des taux longs aux États-Unis au quatrième trimestre 2024). Les récentes publications de résultats, ainsi que les enjeux liés au climat, à l’écologie et aux préoccupations sociétales, renforcent la nécessité pour tout investisseur de considérer l’ensemble des paramètres dans son analyse.

Forces

Diversification et solidité historique
Le groupe opère dans plusieurs secteurs : construction, promotion immobilière, génie civil, concessions, Télécoms, Medias, services d’ingénierie. Il a su faire progresser de 31 milliards d’euros en 2010 à plus de 56 milliards en 2024.
 
Politique de dividende stable
La société distribue régulièrement des dividendes – environ 670 millions d’euros aux actionnaires, générant un rendement attractif (avec une prévision d’environ 5,50 % à 5,56 % de rendement du dividende en 2024/2025) – attestant une gestion prudente axée sur la valorisation patrimoniale.
 
Expertise dans la gestion d’actifs familiaux
La stratégie de consolidation d’actifs, typique des entreprises familiales, permet de préserver un capital stable, même si cela se fait au détriment d’un potentiel de croissance rapide.
 
Positionnement stratégique dans les secteurs à forte demande
L’acquisition d’Equans, leader français des services multi-techniques, bien qu’impliquant un endettement notable, permet de répondre aux enjeux de transition bas-carbone et aux besoins en services multi-techniques liés aux préoccupations écologiques.

Faiblesses

Endettement élevé post-acquisition
L’achat d’Equans en novembre 2021 a conduit à une augmentation significative de la dette nette, passant de 2,8 milliards d’euros en 2021 à 9,25 milliards d’euros en 2023.
 
Croissance limitée des activités historiques
Les secteurs traditionnels tels que la construction, le génie civil et la promotion immobilière montrent une progression modeste (passant de 24 milliards d’euros en 2014 à 28,5 milliards d’euros en 2023) avec des marges opérationnelles relativement faibles (~5 %).
 
Déclin de la valeur du portefeuille média
La valeur de TF1, qui représentait autrefois plus de 2,5 milliards d’euros dans la valeur nette d’inventaire, est désormais inférieure à 1 milliard d’euros, reflétant un déclin structurel du modèle économique lié aux revenus publicitaires traditionnels.
 
Stratégie familiale axée sur la stabilité
La préférence pour la stabilité et la distribution de dividendes limite les perspectives de croissance à moyen terme, l’entreprise ne cherchant pas activement à saisir des opportunités de développement rapide.

Opportunités

Restructuration et amélioration opérationnelle
Le redressement de la division Equans, avec un objectif d’augmentation de la marge EBIT de 3,2 % en 2023 à 5 % d’ici 2026, pourrait générer des synergies positives et améliorer la rentabilité globale.
 
Évolution du marché des télécommunications
Malgré une concurrence intense, Bouygues Telecom, avec un objectif de marge de 27 % d’ici 2026, demeure un acteur important sur un marché en pleine mutation, notamment avec l’accélération de la digitalisation et la demande accrue en services de connectivité.
 
Transition écologique et innovation
La demande croissante en solutions pour la transition énergétique et le bas-carbone offre à Equans et aux autres filiales techniques une opportunité de développement, en phase avec les préoccupations environnementales actuelles.
 
Optimisation des coûts et gouvernance de nouvelle génération
La transmission progressive du leadership vers la nouvelle génération (avec Edward Bouygues, par exemple) pourrait favoriser une gestion plus agile et une meilleure maîtrise des coûts dans un environnement économique incertain.

Menaces

Contexte géopolitique et économique incertain
La récente dissolution de l’Assemblée nationale française et le resserrement des taux d’intérêt aux États-Unis (impactant les marchés en Q4 2024) illustrent un climat économique et politique instable qui pourrait affecter la valorisation du groupe.
 
Intensification de la concurrence
Dans le secteur des télécommunications, la pression des concurrents tels que Free, SFR et Orange demeure forte, pouvant limiter les marges et ralentir la croissance.
 
Déclin structurel des médias traditionnels
La baisse continue des revenus publicitaires dans le secteur de la télévision, en particulier pour TF1, représente un risque à long terme, accentué par la transition vers le numérique.
 
Risques liés au fardeau de la dette
Un environnement de taux d’intérêt potentiellement plus élevés et une conjoncture économique défavorable pourraient accentuer le risque de surendettement, notamment si la stratégie de réduction du levier ne progresse pas comme prévu.
 
Pressions sociétales et réglementaires
Les exigences croissantes en matière de développement durable, de responsabilité sociale et de normes environnementales peuvent imposer des coûts supplémentaires et compliquer la gestion de projets dans les secteurs de la construction et des infrastructures.

Pour un investisseur potentiel, il est essentiel de noter que la stabilité offerte par la distribution régulière de dividendes, qui s’élève à environ 670 millions d’euros, s’inscrit dans une stratégie de gestion patrimoniale prudente, garantissant une certaine sécurité dans un contexte économique incertain. La diversification des activités de Bouygues, allant de la construction et de l’immobilier aux télécommunications et aux services multi-techniques avec Equans, constitue également un point fort, permettant de limiter l’exposition à un secteur unique tout en offrant des opportunités de développement, notamment dans le cadre de la transition écologique. Toutefois, cette acquisition d’Equans, réalisée en novembre 2021, a engendré une augmentation significative de l’endettement net, passant de 2,8 milliards d’euros en 2021 à 9,25 milliards d’euros en 2023, ce qui représente un risque majeur à surveiller, surtout en cas de détérioration des conditions de financement.
 
Par ailleurs, la croissance des secteurs traditionnels, comme la construction, reste modeste, les revenus progressant de 24 milliards à 28,5 milliards d’euros entre 2014 et 2023, tandis que la valeur du portefeuille média, illustrée par la chute de TF1, témoigne d’un déclin structurel face à la transformation du marché publicitaire traditionnel. À cela s’ajoute un environnement géopolitique et économique incertain, marqué par des événements récents tels que la dissolution de l’Assemblée nationale française et la hausse  des taux longs aux États-Unis, renforçant les zones d’ombre sur la valorisation globale du groupe.
 
Enfin, il sera crucial de suivre l’évolution des marges opérationnelles notamment chez d’Equans où l’objectif est de passer d’un EBIT de 3,2 % en 2023 à 5 % d’ici 2026) ainsi que chez Bouygues Telecom où l’on escompte une ’amélioration de la marge de jusqu’à 27 % d’ici 2026.

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