L’aversion à la perte : la peur de perdre est bien mauvaise conseillère…

Effet de halo

L’aversion à la perte

Si vous êtes un être humain normalement constitué, il y a de fortes chances que vous préfériez gagner de l’argent plutôt que d’en perdre. Les probabilités sont également élevées que vous préfériez les certitudes au risque.

Néanmoins, il arrive que, dans certaines circonstances, la peur de perdre nous pousse, paradoxalement, à prendre davantage de risques, sans que nous nous en rendions forcément compte. Cette peur de perdre, que l’on appelle l’aversion à la perte dans le jargon de la finance comportementale, est sans doute la crainte la plus difficile à lever pour tout investisseur. Toutefois, nous pouvons légitimement nous poser la question de savoir si cette peur est rationnelle et dans quelle mesure elle nous empêche de distinguer clairement la bonne attitude à adopter en matière d’investissement.

Qu’est-ce que le risque ?

Le prix Nobel Daniel Kahneman en donne la définition suivante : le risque est la possibilité d’obtenir le résultat le plus faible possible, autrement dit, le plus mauvais résultat qui soit. En finance comportementale, on appelle la peur du risque l’aversion à la perte. Autrement dit, nous sommes beaucoup plus affectés lorsque nous perdons de l’argent que nous sommes heureux d’en gagner.

Pourquoi ? Daniel Kahneman, toujours lui, prétend que cela tient au fait que, dans la nature, les organismes qui prêtent davantage attention aux menaces (ici aux risques) qu’aux gains potentiels (ici les opportunités) ont davantage de chances de survivre.

Mais, comme on dit, la peur est parfois bien mauvaise conseillère. Pour le prouver, Daniel Kahneman et son compère Amos Tversky ont conduit une expérience en deux étapes. Dans la première, les participants ayant reçu 1 000 dollars devaient choisir entre un gain certain de 500 dollars ou 50 % de chance de gagner 1 000 dollars de plus. La majorité a choisi la sécurité du gain certain, empochant ainsi 1 500 dollars.

Ensuite, les mêmes participants se sont vu proposer de gérer une perte, cette fois avec 2 000 dollars en main. Ils avaient le choix entre perdre 500 dollars de façon certaine ou risquer de perdre 1 000 dollars avec une probabilité de 50 %.

Résultat : cette fois, ils ont préféré le risque, acceptant 50 % de chances de perdre une somme plus importante plutôt qu’une petite perte certaine.
L’aversion à la perte – cette peur d’un échec certain – peut donc mener à des choix risqués, voire contre-productifs, surtout en bourse, où elle conduit souvent les investisseurs à de mauvaises décisions.

Que retenir de ce biais et comment en tenir compte dans vos décisions d’investissement ?

1️⃣ Oser

L’aversion à la perte nous rappelle que l’humain s’est forgé au fil d’un long processus d’essais et d’erreurs, où la réaction rapide au danger pouvait sauver des vies. À l’époque, lorsqu’un lion surgissait, il n’était pas question de calculer des probabilités pour échapper à un risque mortel. A priori, aujourd’hui, en investissant, on ne risque pas sa vie. Cependant, prendre le temps de réfléchir peut vous aider à ajuster votre réaction instinctive face à la peur de perdre et à faire des choix plus rationnels.

2️⃣ Oser (encore)

Investir, que ce soit en actions ou dans d’autres actifs (immobilier, obligations, cryptomonnaies…), comporte toujours une dose de risque, c’est indéniable. Cependant, si l’espérance de gain est supérieure au risque pris, la rationalité devrait encourager la prise de risque. La meilleure façon de surmonter l’inhibition que suscite cette peur du risque est d’essayer de quantifier les pertes auxquelles on s’expose si les choses tournent mal.

3️⃣ Oser (toujours)

Même les investisseurs les plus aguerris peuvent faire des erreurs sous l’emprise de la peur, surtout lorsqu’il s’agit de gérer gains et pertes. Accepter une petite perte certaine avant qu’elle ne devienne trop importante, en coupant une position pour concrétiser une perte limitée, préserve bien souvent la performance d’un portefeuille sur le long terme.

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