TRUMP frappe fort !

L’administration Trump renoue avec une politique protectionniste offensive en imposant de nouveaux droits de douane sur les importations en provenance du Canada, du Mexique et de la Chine. Cette décision soulève des interrogations quant à ses conséquences sur les marchés financiers, l’inflation et la dynamique économique mondiale. Marc Touati, économiste et conseiller chez eToro, décrypte les enjeux macroéconomiques et les implications pour les investisseurs de la politique de Trump en matière de droits de douane.

Guerre commerciale : une stratégie économique à haut risque ?

Dès son retour à la présidence, Donald Trump réactive une politique commerciale basée sur l’imposition de droits de douane : 5% sur les importations canadiennes et mexicaines et 10% sur les produits chinois. Ce virage protectionniste repose sur une volonté explicite de rééquilibrer les échanges en faveur des États-Unis et d’inciter les partenaires économiques à maintenir leurs transactions en dollars.
Cependant, l’histoire récente suggère que cette stratégie ne produit pas systématiquement les effets escomptés. Comme le rappelle Marc Touati, lors de son premier mandat, Trump avait adopté une approche similaire, mais la dépréciation du yuan avait absorbé une partie des coûts additionnels, neutralisant l’impact sur le pouvoir d’achat américain.
Aujourd’hui, le président américain étend cette politique aux partenaires historiquement alliés, tels que le Canada et le Mexique, tout en menaçant d’appliquer des mesures similaires à l’Union européenne.

Droits de douanes : effets différenciés sur le dollar et l’inflation

Le premier impact notable de cette politique commerciale est le renforcement du dollar sur le marché des devises. En maintenant son statut de devise dominante dans les transactions internationales, les États-Unis conservent un levier d’influence économique considérable.
Toutefois, ce protectionnisme tarifaire a un effet ambivalent sur l’inflation. Si l’augmentation des prix des importations risque d’exercer une pression haussière sur les prix domestiques, l’appréciation du dollar pourrait en partie contenir ces tensions en rendant les produits étrangers plus accessibles.
À l’inverse, l’Europe, qui souffre d’une dépréciation de l’euro, pourrait être confrontée à une résurgence inflationniste, rendant plus complexe la politique monétaire de la BCE, qui cherche à stabiliser les anticipations d’inflation dans un contexte de croissance atone.

L’Europe face à une nouvelle détérioration de sa compétitivité

Le retour du protectionnisme américain survient dans un contexte économique européen déjà fragilisé par une croissance molle et une inflation persistante. La mise en place de barrières tarifaires pourrait amplifier les difficultés des industries exportatrices, notamment l’automobile allemande et l’agroalimentaire français.
Selon Marc Touati, la divergence de croissance entre les États-Unis et l’Europe est une tendance de fond : sur les vingt dernières années, le PIB américain a progressé de 110%, contre seulement 55% pour la zone euro. Une intensification du protectionnisme ne ferait qu’accentuer cet écart.

Risque accru de stagflation en Europe

Avec un euro en perte de valeur, une inflation en hausse et une croissance stagnante, l’Europe pourrait se diriger vers un scénario de stagflation, dans lequel l’activité économique s’essouffle tandis que les prix continuent de croître.
Dans ce contexte, la BCE pourrait se retrouver contrainte dans sa capacité à assouplir davantage sa politique monétaire, limitant les marges de manœuvre pour soutenir l’économie. De fait, la perspective d’un affaiblissement prolongé de la croissance européenne ne peut être écartée.

Stratégies d’investissement à privilégier

Face à ces nouvelles incertitudes, Marc Touati recommande une stratégie d’investissement prudente et sélective :
Diversification accrue via l’or : en tant que valeur refuge, l’or constitue un rempart contre la volatilité des marchés.
Surveillance du marché des devises : l’appréciation du dollar pourrait offrir des opportunités, notamment pour les actifs libellés en monnaie américaine.
Priorisation des actions américaines : bénéficiant du protectionnisme, certaines entreprises locales pourraient tirer parti de la relocalisation industrielle.
Réduction de l’exposition aux obligations européennes : les tensions sur la dette souveraine risquent de peser sur les rendements obligataires et d’accroître l’incertitude sur les marchés de la dette.

Pour une analyse approfondie et des recommandations détaillées, retrouvez l’entretien complet de Marc Touati sur Synapses ci-dessus.

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